[x] Tasha, baclée, tralala ~

Son vécu n'a rien de bien extraordinaire au demeurant. Elle est actuellement fille unique, mais ses parents sont bien décidés à lui faire un petit frère, d'ici un an ou deux. Oui parce que tout de suite, ça ne serait pas très judicieux. Sa mère de 31 ans travail dans l'immobilier, et son père de 29 ans n'a pas encore terminé ses études de médecine (monsieur veut devenir chirurgien-cardiologue). Ses géniteurs sont effectivement devenus parents assez tôt, et il n'est pas très compliqué de deviner qu'à la base, Tasha, c'était un accident. Mais comme une bonne partie des grossesses surprises, on était pas si mécontent qu'elle soit là.

Avoir un papa et une maman jeunes, c'est sympa : on peut frimer devant les copains à l'école, dire que parce qu'ils sont jeunets, sa maman c'est la plus belle et son papa c'est le plus classe. Mais bon, faut bien l'avouer à cause des études de ses parents, Tasha a passé plus de temps chez ses grands-parents que dans l'appartement familial ... et c'était pas pour lui déplaire.

Les parents de son père sont des vieux chieurs. Deux sales bourgeois qui vont dans les cabinets pour péter et ne trouve jamais rien de mieux à lui offrir pour noël que des encyclopédies sur la culture de la moule. Lorsqu'elle reste chez eux, c'est l'enfer dit-elle : on doit se tenir correctement à table (tout ça pour bouffer des légumes bouillis ou du poisson en soupe), on ne parle que de l'école et des études qu'il faut faire pour devenir important, et puis surtout, on a pas le droit de jouer aux jeux vidéos.

Les parents de sa mère, elle les adore. Surtout son grand-père. Quand elle avait aux alentours de cinq ans, c'est lui qui lui a offert sa première game-boy. Le vieux bonhomme a, comme à peu près tous les grands-pères, sa pièce privé dans la maison. Sauf que lui, ça n'est pas des maquettes de bateaux ou des photos d'avions de guerre qu'il y entrepose, mais bien des jeux-vidéos. Le bougre possède toute les consoles sorties en France depuis l'invention de l'arcade de salon, et bien évidemment, les jeux qui vont avec. Bien logiquement, c'est lui qui, en la faisant toucher à toute cette technologie dès son plus jeune âge, a transmit à Tasha la passion du jeu-vidéo, au grand dam de ses parents. En effet, passer toutes ses journées le nez devant un écran lui valut le redoublement de son CE2.

Mais bon, on ne l'a pas puni : son grand-père maternel est mort des suites d'une maladie respiratoire en juin dernier. Ayant perdu son super-partenaire et peut-être même son meilleur ami, Tasha n'a pas daigné mettre le nez dehors de tout l'été. À la rentrée de septembre, malgré son redoublement, elle s'est fait de nouveaux amis (facile à c't'âge là), s'est remise à sortir mais n'a pas lâché sa DS ou sa PSP pour autant. Ces dernières la suivent partout, et ce malgré les interdictions de ses parents. Ils ont bien essayé de lui confisquer, mais peu importe l'endroit où ils les cache, elle les retrouve toujours. C'est l'appel du cœur qu'elle dit.

Elle est sensée passer au CM1 à la rentrée prochaine.

Une sorte de garçon manqué. Parce que oui, il existe plusieurs catégories de garçons manqués. Tasha n'aime pas particulièrement les vêtements féminins, son idéal serait de rester en pyjama pour toujours, donc elle porte beaucoup de joggings et de shorts : on la qualifie donc de garçon manqué. Ça ne la gêne pas plus que ça, tout d'abord parce que très peu de chose la dérange, et ensuite, parce que l'on est pas si éloigné de la vérité : elle rote, mange avec ses doigts, parle vulgairement et surtout, passe sa vie devant la télévisions ou les écrans de ses consoles portables, à jouer aux jeux-vidéos. Une véritable passion, un amour qui s'exprime en silence. Lorsqu'elle joue, on ne l'entend même plus, elle s'efface et l'on pourrait très facilement en oublier sa présence. Lorsqu'elle jouait avec son papy, ça n'était pas la même histoire, qu'est-ce qu'ils pouvaient en faire du bruit, à hurler comme des fous-furieux, le volume remonté au maximum. Mais comme elle n'a pas trouvé de super-partenaire aussi doué que son aïeul, elle se contente de jouer seule.